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                  LA « MARSEILLAISE » DE MAZOYER                    4!^

peut-être., dans les écoles, des professeurs l'enseigneront-ils aux
enfants dans un triple but de patriotisme, d'analyse et de poésie.


                                  III


    Chez Mazoyer, à l'exaltation patriotique l'exaltation religieuse
 avait succédé ardente et vive. Ces deux sentiments ne sont ni aussi
 rivaux ni aussi hostiles qu'on le croit. Fut-il influencé par l'air
 qu'on respirait dans la maison Pélagaud ? Eut-il un regain des sen-
 timents de sa jeunesse? On sait que la ville du Puy est une des plus
 religieuses de France. Quoi qu'il en soit, il s'occupa, pendant plu-
 sieurs années, d'un ouvrage sur l'Antéchrist, sujet bizarre, dangereux,
 avec lequel il eût nécessairement échoué, sur quelque nom brillant,
 sur quelque autorité puissante qu'il se fût rppuyé pour l'écrire.
    Son volume achevé, il consulta M. Pélagaud, à qui des études
 sérieuses sur la théologie, l'histoire et les questions religieuses
 donnaient une compétence indiscutable. M. Pélagaud demanda le
 manuscrit,Tétudia, le confia, sans en prévenir l'auteur, à d'autres
 personnes, probablement à des membres du clergé dont il invoqua
 les lumières. Ceux-ci furent, sans doute, effrayés des idées de ce
 livre étrange. Lorsque Mazoyer, inquiet, réclama son œuvre, on lui
 répondit d'une façon dilatoire. Le temps s'écoula, sans qu'il osât
 élever la voix; il tenait à la place qui lui donnait du pain, et accep-
 tait chaque fois les réponses évasives qui lui étaient données. Quand,
 un jour, la patience lui échappa et qu'il eut le courage d'exiger
 qu'on lui remît son long travail, on lui avoua qu'on ne savait ce
! qu'il était devenu. Le livre était bel et bien perdu, le fruit de tant
 d'études égaré ou plutôt anéanti. Mazoyer ne s'en consola jamais,
 et c'était'toujours avec une douleur extrême et de tristes regrets
 qu'il parlait à ses amis du malheur qui l'avait frappé.
    Il avait traduit en grec une biographie de Gutenberg, qu'il avait
 publiée en placard bu affiche in-folio. Nous n'avons pu ni nous pro-
 curer ni même voir cette pièce bien connue des vieux typographes
 lyonnais. ;