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                 LA « MARSEILLAISE» DE MAZOYER                     413

    Mais ce poème était précédé lui-môme d'une longue préface,
d'une plainte plutôt, sur la décadence de l'imprimerie à Lyon. Selon
Mazoyer, cet art était perdu dans la ville des Gryphe, des Roville
 et des de Tournes, malgré la présence, malgré les travaux de Louis
Perrin et de Léon Boitel, si dignes de leurs devanciers, Perrin sur-
tout, quia laissé tant de chefs-d'oeuvre et qui a fait école. Mais
 d'où venait cette décadence, d'après Mazoyer ? Uniquement des
 correcteurs.
    Ici, nous entrons à pleines voiles dans la fantaisie et l'imprévu.
    « En effet, » dit notre auteur, « n'a-t-on pas vu, à Lyon, donner à
corriger des épreuves non seulemement à des correcteurs inca-
pables, mais encore à de simples compositeurs ?»
    Lyon aurait-il le privilège de ce malheur ? et pareil fait ne se
passe-t-il dans aucune autre ville de l'Europe ?
    « N'a-t-on pas vu encore, oui, je le dis en gémissant, des correc-
teurs que nous appelons omnibus, parce qu'ils disent tout savoir, et ne
savent rien, avoir l'imprudence ou l'orgueil de corriger, sans con-
naître un mot de quantité, des ouvrages latins-grecs accentués et à
plusieurs volumes ? puis, laisser passer, dans les tierces, des impo-
sitions fausses non quant aux folios, mais quant à la matière ?...
    « Et alors, quelle perte pour le maître! quelle réputation surtout
pour la maison, lorsque les libraires, le clergé et l'Académie, ne
s'apercevant de ces lourdes brioches qu'après la reliure en chagrin ou
en maroquin, prennent aussitôt la plume pour écrire des lettres
foudroyantes! Vraiment, on frémit, quand on y pense! »
   Ce cri ne vous va-t-il pas à l'âme? N'êtes-vous pas affecté du
désespoir de notre vaillant correcteur ? Et ne comprenez-vous pas
ce qu'il n'ose vous dire : « Ce n'est pas moi qu'on prendrait en
faute ainsi? »
   Mais ce métier de correcteur est-il donc si difficile? Faudrait-il
avoir tous ses grades universitaires pour l'exercer ? — Hélas ! oui.
Un professeur de là Faculté des Lettres serait à peine suffisant pour
cet emploi. Écoutez notre auteur :
   « Le talent rare auquel nos maîtres tenaient le plus, » dit-il,« est
celui de la versification grecque et latine. Et n'allez pas croire qu'un