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                  LA « MARSEILLAISE » DE MAZOYER                     4O3

zoyer, le modeste, savant et surtout original correcteur de la maison
Pélagaud, de Lyon, qui a traduit la Marseillaise en grec, et qui, après
l'avoir chantée à voix vibrante, avec la foule, à Saint-Vallier,
lors de la Révolution de juillet, l'entonnait encore, à Lyon, en
1848, seul ou en tête à tête avec sa femme, quand les deux époux,
au coin du feu, n'avaient pas un cercle d'amis et de voisins pour
exécuter l'hymne sacré avec eux.
   La Marseillaise, à elle seule, aura ainsi fait quatre immortels, si
nous sommes assez heureux pour illuminer suffisamment la figure
de notre helléniste, et la faire resplendir à l'égal de celle de Dietrich
et de Pessonneau qui ne s'attendaient pas non plus ù l'immortalité.


                                    II


   Sous la Restauration,en 1826, je crois, arriva au collège de Saint-
Vallier (Drôme), un professeur de seconde, ardent libéral, épris
des idées de progrès et de liberté qui se faisaient jour de tous côtés.
Il eut bien vite conquis l'amitié de ses élèves, et, par eux, l'affection
et la sympathie des gens de la ville, tous plus ou moins hostiles au
gouvernement ; tous assez portés à désirer un régime nouveau. Ce
professeur était Jean-Pierre-Vital-Benoît Mazoyer, né au Puy en
1799. Il sortait du collège de Nantua, où il avait été régent des
classes élémentaires. C'était un magnifique avancement.
   Ce nouveau venu devait sa position à M. Poupar, ancien inspec-
teur de l'Académie de Lyon, bibliothécaire de la même ville, un de
ces hommes qui passent partout inaperçus, et qui serait parfaitement
oublié, s'il n'eût publié une traduction d'Horace en vers français,
dont on lui a contesté vivement la paternité. Mazoyer, sans s'in-
quiéter si son protecteur était père putatif ou père légitime et vrai
d'Horace, était l'homme le plus heureux du monde, quand, bonheur
nouveau, la Révolution de juillet éclata. Sa joie éclata en même
temps, et ses transports exaltés n'eurent pas de bornes.
   S'il ne fit pas de conférences, c'est qu'on n'en faisait pas en ce
temps-là ; mais il chanta la Marseillaise, la fit chanter à ses élèves,