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390                           LA REVUE LYONNAISE
toujours gracieuse, parfois émue. L'excès de facilité, qui est son défaut propre,
l'entraîne parfois dans des longueurs pénibles, mais sans nuire à sa versification,
harmonieuse et riche, ni à sa langue, souple et pittoresque, encore à l'abri des
innovations maladroites de Ronsard. Il subit avec bonheur l'influence des latins,
Catulle, Horace, Tibulle, Ovide, qui revivent chez lui avec une part de leurs
mérites. Mais il ne se défend pas assez de l'influence italienne; en voulant riva-
liser avec Pétrarque et Sannazar, il devient précieux, comme eux, et maniéré.
   Magny a, en somme, plus ou moins accentué les défauts de son temps, et il s'en
 permet toutes les licences. Mais il en a aussi toutes les qualités et, au premier
 rang, cette recherche aimable et gracieuse de la forme, par laquelle, en dépit des
 sévérités de Malherbe et de Boileau, a vécu et vivra la poésie du xvi« siècle ; et il
 méritait à ce titre la sérieuse étude que lui a consacrée M. Jules Favre.
                                                            Gabriel SANLAVILLE.


HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE MODERNE. La Réforme de Luther à Sha-
  kespeare, par Marc MONNIER, doyen de la Faculté des lettres à Genève. —
  Paris. Librairie Firmin-Didot et C ie , rue Jacob, 56. 1885. — Un vol. in-8.

   La librairie Firmin-Didot et O e , rue Jacob, 56, à Paris, vient de publier le
second volume de l'Histoire de la Littérature moderne, du regretté Marc Monnier,
professeur de littérature comparée à l'Université de Genève. On sait que cet
ouvrage, qui devait être le monument littéraire du savant écrivain, a été inter-
rompu par la mort, au moment où il venait d'écrire les dernières pages de ce second
volume. Nous y reviendrons avec de plus amples détails dans une des prochaines
livraisons de la Revue lyonnaise.
   Bornons-nous aujourd'hui à annoncer que le second volume est consacré au
xvi« siècle et à l'influence littéraire de la Réforme. Ses huit chapitres portent
tous de grands noms : Luther, Calvin, Rabelais et Montaigne, Le Tasse, Gior-
dano Bruno, Camoëns, Cervantes et finalement Shakespeare. C'en est assez pour
exciter l'intérêt des lecteurs et appeler l'attention du public sur cette oeuvre remar-
quable à tant de titres.


UN ROMAN DE PROVINCE, par M"e Marie POITEVIN. — Bibliothèque des
 Mères de famille. ( i « série.) Paris. Librairie Firmin-Didot et Oe.

   La librairie Firmin-Didot continue avec un succès mérité la publication des
ouvrages qui composent les deux séries de la « Bibliothèque des Mères de
famille : » la première, contenant les romans parus dans la Mode illustrée ; la
seconde, les romans qui n'ont pu y trouver place.
   C'est à la première série qu'appartient le Roman de province de Mlle Marie Poi-
tevin, qui n'en est plus à son début littéraire, et qui, d'ailleurs, sait de qui tenir,