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CHEZ MÉCÈNE La guerre, pour fonder une ville et porter Ses dieux au Latium, d'où la race latine Et nos pères albains tirent leur origine, Où la superbe Rome élève ses remparts. « Muse jette sur moi de bienveillants regards. De ces événements raconte-moi la cause. Dis-moi pour quel affront tant de colère éclose Dans le cœur dejunon contre un homme pieux. La haine aveugle-t-elle aussi l'âme des dieux? « Autrefois sur les bords regardant l'Ausonie Et les bouches du Tibre, était la colonie Des Tyriens, Carthage, opulente cité, Au peuple industrieux, actif et redouté. Junon la préférait au reste de la terre, Même h Samos. Elle y laissait son char de guerre, Ses armes, et son cœur avait conçu l'espoir Défaire au monde entier accepter son pouvoir. « Mais elle avait appris qu'une race nouvelle Devait naître du sang troyen, et que par elle Devaient tomber un jour les murs des Tyriens. Un jour, ce peuple-roi dans les champs lybiens Conduirait la Victoire à son aigle enchaînée. Les trois Parques ainsi filaient la destinée. La déesse d'ailleurs gardait le souvenir Des combats-qu'elle avait dû jadis soutenir Pour ses chers Argiens. Vengeance différée, Cruels chagrins vivaient dans son âme ulcérée. Elle se rappelait et le berger Paris, Juge de la beauté, lui refusant le prix, Et sa race odieuse, et cet ancien outrage : Ganymède ravi par un époux volage