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               LA REVUE LYONNAISE
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  Un soir de sextilis, sous la trichila verte
 D'une riche maison voisine du Forum,
  Une table de marbre à pieds d'argent, couverte
 De coupes entourant un acratophorum,
 Est placée. Étendus sur l'aulaa brodée,
 Et couronnés de fleurs, des convives joyeux
 Sur la part de bonheur à tout homme accordée
 Discourent, en buvant lefalerne plus vieux
 Que Vimberbe échanson, beau comme Ganymède,
Debout près de la porte, un cyathe à la main.
Ils sont quatre : l'heureux Mécène, qui possède
La faveur de César; Pollion, écrivain,
Politique et guerrier ; Horace, jeune encore,
Mais illustre déjà; Virgile, son ami;
 Virgile, qui, laissant pour la lyre sonore
De l'aveugle d'Hellas dans sa tombe endormi
La flûte pastorale et les pipeaux champêtres,
 Va chanter aux Romains la fuite et les combats
D'Enée et des Troyens, leurs glorieux ancêtres.
Le vin bu les anime et ne les trouble pas.
 Ils parlent, et Vesclave, un favori du maître,
Les écoute en silence, et retient leurs discours.
Mécène vide alors sa coupe, et dit :
                                       « Peut-être,
César viendra souper ici dans quelques jours.
Il vous demandera. Qu'aurez-vous à lui lire?
Votre stile, sans doute, a tracé quelques vers.
Dites-les-nous, Flaccus. »
                            Puis, avec un sourire :

« Le succès, » reprend-il, « est pour vous sans revers.
Poètes, vous avez le bonheur et la gloire,
Car vous êtes aimés des hommes et des dieux. »