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242                         LA REVUE LYONNAISE

bourg, de Cologne, puis doyen des deux premiers de ces chapitres,
il fut élu archevêque-électeur de Cologne à l'âge de trente ans. Il
n'avait pas encore reçu la prêtrise. (1)
    Sa piété ne le désignait guère pour ces importantes et délicates
fonctions, et, s'il l'emporta sur un puissant compétiteur, le duc
Ernest de Bavière, déjà évêque de Freisingen et de Liège, et admi-
nistrateur de Hildesheim, (2) on croit qu'il le dut à quelques cha-
noines favorables au protestantisme, qui virent en lui un futur core-
ligionnaire.
   Le nouvel archevêque ne trouvait pas, du reste, en ses deux der-
niers prédécesseurs, des exemples de fidélité à l'Église catholique.
L'un d'eux, le comte de Wied, avait essayé d'introduire le protes-
tantisme dans ses états. N'ayant pu y parvenir, il avait abdiqué.
L'autre, Salentin d'Isenbourg, n'étant pas encore prêtre, avait été
autorisé par le pape Grégoire XIII à quitter les ordres, et, après
avoir renoncé à l'archevêché et embrassé le protestantisme, s'était
marié. Le traité d'Augsbourg (1555) avait décidé, par une clause,
Connue sous le nom de réserve ecclésiastique, qu'un archevêque,
évêque, abbé ou bénéficier, qui embrasserait le protestantisme, per-
drait par cela même ses états. Le comte de Wied et Salentin d'Isen-
bourg s'étaient soumis à cette clause. Gebhard Truchsess résolut
 de s'y soustraire. Il prétendit embrasser le protestantisme, se marier,
 et conserver néanmoins ses états.
    Elu archevêque-électeur de Cologne le 5 décembre 1577, Gebhard
Truchsess fut confirmé par Grégoire XIII, et ne fit pas difficulté de
prêter, entre les mains de l'archevêque-électeur de Trêves, serment
de fidélité au concile de Trente. (15 avril 1578.)
    Les mœurs laissaient alors beaucoup à désirer en Allemagne.

   (1) Il fut élu à la majorité d'une voix contre le duc Ernest de Bavière. (J.-H.
Hennés, p. 3.) — Les archevêques-électeurs devaient, comme les empereurs d'Al-
lemagne, jurer, avant d'être élus, une capitulation, sorte de charte rédigée par
les chanoines, Celle qui fut imposée à Gebhard diminuait encore, au profit du
Chapitre, les droits déjà si restreints du souverain. (Max Lossen. I, 563.)
   (2) F.-W. Barthold, 13. D'après Max Lossen (I, 739), il ne serait devenu
évêque de Liège qu'en 15 81.