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fi8 LA REVUE LYONNAISE encore en usage. Les comptes des bâtiments royaux ne mentionnent que la « nouvelle ménagerie de Trianon, » le « nouveau jardin duroi à Trianon, » quelquefois 1' « ermitage de Trianon. » Le nom de «Petit-Trianon, » qui devait faire oublier tous les autres, ne fut définitivement adopté qu'en 1759. A la ménagerie furent annexés deux jardins : un jardin potager, pour la culture d'arbres fruitiers tirés de toutes les parties du monde, et un jardin botanique, dont Bernard de Jussieu eut, pen- dant quelques années, la direction effective, sans porter le titre offi- ciel de directeur. En dehors des bâtiments de la ménagerie, on n'avait élevé dans les jardins du roi que des constructions légères qui ne pouvaient servir à l'habitation. Mais, en 1762, Louis XV, ayant formé le pro- jet d'un remaniement complet du Petit-Trianon, fit faire les fonda- tions d'un château, dont il put prendre possession six ans après. Mrae de Pompadour, avec laquelle avait été élaboré le plan de ce château, mourut avant son achèvement. Ce fut Mme du Barry qui l'inaugura. M. Desjardins décrit avec beaucoup de soin la nouvelle demeure royale, indiquant quelle était la distribution des appartements et la décoration des différentes pièces. Il montre à ce propos comment s'^st accomplie en France cette révolution artistique, dont on reporte ordinairement la date au règne de Louis XVI. Le style Louis XVI a fait en réalité sa première apparition vers 1760. C'est à Gabriel, l'habile architecte de l'École militaire et du château de Trianon, qu'il faut faire honneur d'une initiative dont on attribue trop souvent le mérite à son successeur, Richard Mique. * * Pendant que l'art de bâtir était ainsi renouvelé, une mode impor- tée d'Angleterre battait en brèche les théories de Le Nôtre et de ses élèves, modifiant de fond en comble le tracé traditionnel des jar- dins. Cette révolution pacifique est le point de départ d'une ère nouvelle pour le Petit-Trianon.