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                        UNE POYPE EN BRESSE                       171

 dont il avait fourni les matériaux avait rempli entièrement l'espace
vide, elle aurait eu elle-même une cinquantaine de mètres d'épais-
seur. Elle avait dû en avoir beaucoup moins.
    Il est probable que le temps avait diminué considérablement ses
contours, vu surtout l'usage auquel elle avait servi.
   Nous avons dit que les poypes étaient impuissantes à supporter
les tours belliqueuses de M. Jolibois, encore moins des citadelles
complètes comme le Montellier et Montribloud, qui peuvent avoir
été construits sur un renflement du terrain, mais nullement sur une
montagne mouvante et sans consistance amoncelée par les hommes.
Nous avons pensé que nos poypes étaient trop clairsemées dans la
province pour avoir été érigées uniquement dans le but de préserver
les populations de l'humidité, la forme conique de la plupart
excluant la possibilité d'asseoir une habitation à leur sommet. D'ail-
leurs, nous en connaissons une foule élevées à mi-coteau et sur des
terrains parfaitement arides et secs. Eh bien! malgré cela, et par
exception, nous avouons que notre poype de Malafretaz nous don-
nait une sorte de démenti, et qu'elle avait porté une habitation rus-
tique, grâce à la décapitation qu'on lui avait fait subir; non certes,
un établissement de premier ordre avec fenil, granges, écuries et
dépendances, mais une humble demeure de petits cultivateurs,
moitié briques, moitié pisé, probablement avec torchis, détruite il
y a peu d'années, et dont on retrouvait de tous côtés des débris. Si
ce n'était pas un simple pied à terre, c'était certainement moins la
demeure d'un habitant aisé que l'asile de la pauvreté.
   Il n'importait. La présence de la défunte maisonnette dérangeait
mes recherches et mon espoir. Il est certain que si on y eût trouvé du
métal, bronze ou fer, je n'eusse plus su à quelle époque le faire
remonter.
   Ajoutons vite, en opposition au système de M. Chantre, que ce
n'était point dans le but de bâtir une demeure à son sommet qu'on
avait élevé la poype dans ce lieu humide, mais qu'on avait profité
de la poype érigée depuis longtemps pour y construire une habi-
tation.
   En partant, le matin, je n'avais pas prévu la découverte que je




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