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                         UNE POYPE EN BRESSE                          l6j

 déclare que toutes les poypes étaient jadis à côté d'un manoir, ce.
 qui n'est pas. Ces poypes, ajoute-t-il, servaient de tour d'observation
 au seigneur, et, le plus souvent, communiquaient avec la forteresse
 par des souterrains.
    Nous qui habitons sur les lieux, nous savons que penser de ce
 rêve. On ne peut pas pousser plus loin la fantaisie et les écarts de
 l'imagination.
    Nous nous trompons. On le peut. Les souterrains ne suffisent pas
 à l'historien de la Dombes, et il y ajoute des tours.
    La plupart de ces poypes, déclare-t-il, étaient ou devaient être
 surmontées de tours, du haut desquelles, — ceci est imprimé tout
 entier dans le volume du Congrès, — du haut desquelles une senti-
 nelle sonnait du cor à l'approche de l'ennemi. Nos poypes étaient
 donc plus élevées que les remparts et les donjons?Elles étaient donc
 toutes immenses, gigantesques et assez solides pour supporter une
 pesante construction militaire? Or nous savons que les poypes n'ont
jamais été que des amoncellements de terres meubles et sans consis-
tance ; qu'une foule d'entre elles sont isolées, cachées, enfouies dans
 des bas-fonds et des ravins, et surtout de si petite dimension, si
fragiles et si minces que la plupart n'auraient jamais pu supporter
la moindre hutte, ni dominer les humbles buissons d'alentour. Que
devient donc la théorie de notre auteur?
    Une autre erreur du bon curé consiste à prétendre que les poypes
ne remontent pas plus haut que le moyen-âge. Ceci est tout aussi
erroné, quoiqu'il termine le développement de son système par ces
mots formels : « Tout ceci est une certitude pour moi. »
    Autrement sérieux et profond, enrichi de toutes les découvertes de
la science moderne, M. Chantre, sous-directeur du Musée des
sciences naturelles de Lyon, affirme, à son tour, que les poypes
remontent à l'âge de pierre; (1) mais M. le curé de Trévoux, de son
vivant, admettait-il cette formidable antiquité?
    Les antécédents et les travaux de M. Chantre nous invitent à le


  (1) Ernest Chantre. Études palèontologiques dans le bassin du Rhône. Premier
âae du fer. Nécropoles et tumulus. Lyon, 1880, in-4, avec planches.