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UNE POYPE EN BRESSE 163 et les peupliers les couvraient d'une ombre épaisse, leur faisaient un abri de leurs feuillages, et les cachaient aux rayons du soleil comme aux regards des voyageurs et des curieux. Quel était donc leur emploi? Les nuragues n'ont pu être des postes d'observation, ni des habi- tations, ni des temples, ni des tombeaux, à en juger par leur archi- tecture, leur distribution intérieure, leur position, ou les recherches et les fouilles qu'on y a faites. Il ne nous a pas été donné de résoudre le problème. On nous a dit que c'était des lieux de refuge en cas de surprises des races ou tribus voisines. L'épaisseur énorme des murs, les difficultés de l'entrée pourraient donner une apparence plausible à cette opinion. Mais d'où fût venu le secours? Et quelle résistance aurait pu opposer à l'ennemi une poignée de malheureux emprison- nés dans une tour sans issue, où ils fussent morts de misère et de faim, si on ne les y eût pas enfumés comme un gibier? L'assaillant, se dérobant dans les inégalités du terrain, n'aurait-il pas eu le temps de surprendre les bergers et les laboureurs avant que ceux-ci, dis- persés de tous côtés, n'eussent eu le temps de gagner le refuge ? Quant aux troupeaux, l'espace eût été trop restreint pour qu'on eût pu leur y donner un abri. Abandonnant donc les nuragues aux investigations des savants de l'avenir, nous allons nous replier sur les poypes de la Bresse et de la Dombes aussi souvent étudiées, aussi souvent décrites, et sur les- quelles nos archéologues ne se sont pas davantage mis d'accord. * * Et d'abord, d'où vient le nom de ces éminences factices, qu'on trouve en si grand nombre dans la Bresse et la Dombes ? Un celtisant convaincu, M. Alonzo Péan, nous répond : du gaé- lique ou du cimbrique : pep, pip, beb, qui signifient : grosseur, émi- nence, renflement; d'où le latin puppis, poupe, la partie la plus élevée du navire antique; Pampelune; Bibracte ; les collines de Pim-