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ALEXIS ROUSSET, SA VIE ET SES ŒUVRES On poursuit le plaisir, on atteint la douleur. . . Le plus riche est celui qui désire le moins. . . L'Amour meurt dès qu'on lui cède. . . Il n'est guère de gens plus chiches de louanges Que ceux qui n'en méritent point. . . On ne sera point étonné d'apprendre que, lorsque Rousset voulut publier en quatre beaux volumes in-8° une partie de ses fables, tous les artistes lyonnais se soient offerts pour les illustrer. Louis Guy, notre illustre peintre animalier, dont M. Félix Desvernay vient de publier la biographie en un splendide volume, fut le privilégié de l'auteur, et c'est à lui qu'on doit la grande majorité de l'immense quantité d'eaux-fortes, de dessins et de vignettes qui ornent cette précieuse édition. Auteur dramatique et fabuliste, Rousset ne fut pas satisfait. Il publia des romans, sur lesquels nous passerons légèrement, à cause de la place qui nous manquerait d'abord; puis, parce que nous ne l'approuvons pas d'avoir cherché à décrire et à divulguer les plus tristes misères de l'humanité. La vie à Paris ou Dérailles et déclassés, forment deux volumes in-8°, avec dessins. La vie en province ou Les délaissés ont pareille importance. On dit qu'il laisse en manuscrit une suite à ce dernier ouvrage sous le titre : les Filles du paralytique. Nous ne connaissons pas ce travail, et nous nous hâtons de passer à l'œuvre en qui Rousset mettait le plus d'orgueil et d'espoir. Nous allons en parler longuement. * * La Prise de Byzance, poème à qui l'auteur a donné le titre si mal- heureux et si incompréhensible de Anges et démons, offrait au poète un des plus merveilleux sujets qu'on pût rêver. La chute prévue de l'empire d'Orient, la lutte sanglante entre les Turcs et les chrétiens, la civilisation et la barbarie, le dernier des Constantin, brave, mais à la tête d'un peuple énervé qui ne rêvait que courses de chars, théâtres et plaisirs, et un peuple neuf, avide, guerrier, que tentaient les richesses inouïes de la reine du monde : quels caractères à tra-