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28 LA REVUE LYONNAISE Les manuscrits de dom Vie et dom Vaissette qui se trouvent à la Bibliothèque nationale ( i ) contiennent quelques lignes sur Christo- phle de Gamon, communiquées aux deux savants Bénédictins par M. Maitri (nom peu lisible) procureur du roy à Annonay. L'auteur a l'air d'ignorer l'existence des premiers ouvrages de Christophle. Il ne parle que de la Semaine, dont il cite le début en le faisant suivre de l'appréciation suivante : « On trouve mille beautés dans ce poème. Il ne cède en rien à celluy de Bartas, et on peut même assurer qu'il le surpasse en tout. » * * Viollet-Leduc (2) ne paraît connaître de Gamon que la Semaine. Il reproche à l'auteur d'avoir remplacé par d'autres erreurs celles qu'il reprochait lui-même à du Bartas. Il est vrai qu'il ajoute fort judicieusement : « Et qui sait si la critique de nos jours ne paraîtrait pas dans deux cents ans aussi ridicule que celle de Gamon ? » Viollet-Leduc ne partage pas l'idée de ceux qui ont cru voir dans la Semaine des allusions au grand œuvre, et il déclare que rien dans cet ouvrage ne lui a semblé présenter un sens caché. C'est aussi notre avis. Quant au talent de Gamon, voici comment il l'apprécie : « Malgré son style barbare, Gamon est poète parfois, parce qu'il est pittoresque. Ses images, toujours communes, sont vives et vraies. Il a une verve d'antithèse qui lui est particulière. » A. MAZON. {A suivre.) (1) Collection du Languedoc, t. CI, fol. 225. (2) Bibliothèque poétique, t. I, p. 396.