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LE BAZAR DE LA CHARITÉ ( 4 MAI 1897) 'ÉTAIT un jour de fête, une fête splendide. La charité, toujours au guet, toujours avide De grossir les trésors où vont puiser ses mains, Pour apporter plus d'or aux haillons des chemins, Aux vieillards, aux enfants, aux blessés de la vie, Avait dans son Bazar convoqué les heureux, Ceux que d'en bas le pauvre envie, Les vrais amis des miséreux. Et tous étaient venus s'acquitter de leur dette, Aïeule, mère, fille, en brillante toilette, Le prêtre et le soldat, l'enfant et l'humble sœur. La joie était partout, dans les yeux, dans le cœur : On vendait, on riait de ce pur et doux rire Qu'aux lèvres met le bien noblement accompli, Rire que l'ange même admire, Qui ne creuse au front aucun pli.