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               LETTRES DE L'ÉCOLE NORMALE                     335

vous en prie, et pensez que dans trois mois je vous embras-
serai réellement.
                                              Mardi 2 juin.

  J'embrasse Jean de tout mon cœur et je lui écrirai
bientôt.



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                                       Lundi, 16 juin 1840.


          MES BONS PARENTS,


   A la fin, je vous envoie la lettre pour M. Bedel. Cela est
cause que je vous écrirai pas bien longuement, parce que
je n'ai plus de temps pour cette fois, et qu'aussi je n'écrirai
pas à mon frère, parce que la lettre serait trop grosse.
Mais je puis toujours vous dire, ce qui vaut bien une longue
lettre, je vous aime bien, je vous aime de tout mon cœur;
c'est vous seuls qui faites mon bonheur au monde. Après
Dieu je vous dois tout, et je le remercie tous les jours
de m'avoir donné des parents comme vous, c'est le don le
plus magnifique qu'il pût me faire. Rien ne me donne
autant de force et de courage, rien ne me donne de moi
une aussi haute estime que de sentir que vous m'aimez
comme je vous aime, et tous ces sentiments si vifs, bien
loin de se refroidir par l'habitude, chaque matin leur donne
plusvde chaleur et de vie. Et, en effet, se pourrait-il faire
qu'à mesure que je me développe, que j'avance, que je
deviens plus homme, je sentisse moins ce qui est le fond
même de l'homme, l'amour de la famille ? Je ne prendrai