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328                     HENRI H1GNARD

 de le lire, ou plutôt, je crois que je n'ai pas besoin de t'en
 prier, car il a un attrait auquel bien certainement tu n'échap-
 peras pas. L'auteur est un de nos confrères de Saint-
 Vincent-de-Paul ; et lui-même dans le dernier chapitre a
 parlé de notre chère Société.
    J'espère que ce livre te plaira, et qu'il contribuera à
donner à ton esprit un peu plus de calme. Allons avec
simplicité, mon bon frère, suivons notre chemin avec calme
et avec courage ; c'est le seul moyen d'arriver. Si nous
nous impatientons de sa longueur et que dans notre tris-
tesse nous nous asseyons dans le fossé, au lieu d'avancer,
nous sommes des hommes perdus.
   La table des chapitres des Heures sérieuses te prouvera
dès l'abord que c'est un livre tout pratique et non pas seu-
lement de vagues spéculations. En effet ce qu'il nous faut,
maintenant, ce ne sont pas des théories plus ou moins
belles ; c'est un moyen de nous conduire sagement et ver-
tueusement au milieu de ce pêle-mêle d'hommes et de
choses, d'où naissent tant de troubles pour la patrie et tant
de dangers pour chacun de nous. Se résigner à sa position ;
chercher à en tirer tout le parti possible pour nous et pour
les autres ; travailler par devoir ; se garder des séductions
criminelles; s'appuyer sur un ami pour être plus fort, en
un mot qui comprend tout cela, se réfugier comme dans
un asile sûr dans notre sainte religion, voilà mon ami, les
principaux de ces préceptes. Voilà ce qui éclaircit les doutes
de l'esprit, et qui calme les agitations du cœur; voilà ce
qui aurait pu prévenir tous les malheurs dont nous avons
été témoins et que nous voyons tous les jours encore.
   Adieu bon frère, aime-moi bien, et écris-moi, dis-moi
un peu plus ce que tu penses et ce que tu sens. Tu te
caches de moi comme d'un étranger et cependant Dieu sait