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                LETTRES DE L'ÉCOLE NORMALE                    323

    L'arrêté du Conseil n'est pas encore rédigé ni officiel,
mais il n'y a pas eu d'opposition, et nous pouvons regarder
l'affaire comme terminée. Dans quelques jours, j'espère
vous en donner l'entière certitude. Ainsi, mes bons parents,
pour la fin de cette année et pour l'année prochaine vous
n'aurez pas à penser à ce sacrifice ; c'est 750 fr. de gagnés,
car je compte bien ne pas payer le troisième trimestre qui
court déjà.
    C'est là une des causes qui m'ont empêché de vous
écrire; je voulais avoir quelque chose à vous annoncer à ce
sujet. Mais il y a une autre cause. Depuis huit jours je suis
très occupé d'un grand travail que m'a donné M. Nisard,
le maître des requêtes au Conseil d'État, qui nous fait une
conférence de français. Comme c'est un homme haut placé
et vraiment distingué, j'y mets tous mes soins et tous mes
efforts ; mais comme je dois la lire demain, et que j'étais en
retard, j'ai été obligé de veiller les deux dernières nuitsjusqu'à
une heure du matin, peut-être même en ferai-je autant ce
soir, heureusement je suis content, et le travail ne me fati-
gue pas; j'ai la tête aussi libre que.si je n'avais rien fait de
huit jours. En outre je compte me reposer la semaine pro-
chaine, M. Cozon vient de me voir, et il m'a demandé des
lettres pour demain soir, mais je n'ai pas voulu vous faire
attendre celle-ci plus longtemps. Je n'ai pas pu acheter
encore les rasoirs de mon père, et j'attendrai le départ de
M. Parayon. M. Michel Casati est ici et m'a envoyé sa carte.
   Nous nous sommes bien amusés avec M. de Gourgas, et
l'excellent homme est venu me dire le lendemain que, dans
une audience particulière, M. Villemain lui avait parlé de
moi, et lui avait dit de me renouveler ses félicitations. Mais
notre dîner de la licence ne se fait pas ; ces diables de jeunes
gens ne peuvent jamais rester sans de petites chicanes mal-
gré tous nos efforts pour conserver le bon ordre.