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24O              UN PROCÈS DE LÈSE-MAJESTÉ

quatre soldats. Au-dessous, dans un souterrain profond, se
trouvait la salle de torture. Son valet de chambre Wegrer
l'avait accompagné en lui emportant les vêtements les plus
indispensables.
   Schaffgotsch resta là quatre jours sans être inquiété ; il
ignorait encore ce qui l'attendait.
   Le lundi, 4 juin, le Conseil de guerre tint une séance.
On lut la résolution royale du 18 mai; on compléta les
jugements en y ajoutant l'énumération des crimes commis.
 La résolution royale chargeait le Conseil de décider si les
accusés, autres que Schaffgotsch (1), seraient également mis
à la torture. Cette responsabilité qu'on voulait lui laisser
encore lui déplut. Plusieurs de ses membres se déclarèrent
incompétents et demandèrent que l'empereur fît résoudre
cette question par des légistes; mais, pour Schaffgotsch, on
décida, conformément à l'ordre royal, qu'il serait torturé.
   Le même jour, à dix heures du soir, des soldats armés,
sabre nu, portant des lanternes, entrèrent dans sa chambre.
Il était déjà couché depuis une heure: on le fit lever. L'au-
diteur Grass, le grand prévôt et plusieurs membres du
Conseil de guerre étaient présents. Ils adjurèrent encore
Schaffgotsch de dire toute la vérité ; comme il persistait à
ne pas répondre on le fit descendre afin de lui donner,
disait-on, un meilleur logement. Son valet de chambre
Wegrer demeura sous la garde des soldats. Adjuré une der-
nière fois de dire toute la vérité, Jean Ulrich refusa de
répondre : on passa outre. Contrairement à l'usage,.on
commença, non par les menottes, mais par l'estrapade, qui
était plus douloureuse. Le baron étant en chemise et


  (1) Scherffenberg, Sparr, Losy et HÅ“merle.