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DU CHEVAL DE HENRI IV 485 l'histoire du siège de Lyon et de la Terreur. « Le vanda- lisme révolutionnaire, destructeur de tout ce qui rappelait la royauté, avait brisé la statue de Louis XIV, qui ornait le frontispice de l'Hôtel de Ville. Chinard reçut l'ordre de faire une statue de la Liberté pour remplacer celle de ce roi. L'attitude que cet artiste lui donna ne plut pas ; la déesse tenait la couronne" civique d'une manière un peu gauche et trop en arrière. Les Jacobins crurent y voir l'in- tention de manquer à cette auguste divinité, et de tourner son culte en ridicule, ses ennemis en firent un des plus graves de ses crimes. » « Chinard, dit plus loin Mlle des Echerolles, avait de puis- sants ennemis et de grands protecteurs. Parmi ceux-ci, on doit compter son talent distingué. On l'avait délivré trois fois, et trois fois, sur la place même des Terreaux, de nou- velles dénonciations l'avaient fait reconduire en prison. » Cependant Chinard était un zélé patriote, un républicain convaincu. Pendant son séjour à Rome, en 1791, il fut incarcéré au château Saint-Ange à cause de ses opinions républicaines. Mais, comme c'était un honnête homme, il n'en fallait pas davantage pour le désigner à la brutalité et à la férocité des bandits qui faisaient trembler la France entière. On dit (6) que Chinard, étant en prison à Lyon, modela une très jolie statuette de l'Innocence, qu'il présenta à l'un de ses juges, Corchaud ; celui-ci touché, lui fit obtenir sa grâce. On trouve la figure du groupe de Chinard, d'après la (6) Biog. univ. — M1,e des Echerolles rapporte aussi cette anecdote, mais elle se trompe en indiquant une statuette de la Raison. La sta- tuette faite par Chinard représentait l'Innocence sous les traits d'une colombe se réfugiant dans le sein de la justice.