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      Un membre aussitôt rappelle que « avant la Révolution, la commune avait les
petites écoles pour garçons et pour filles, dans un bâtiment qui lui appartenait, place
de la Croix-de-Bois. Mais ce bâtiment fut vendu, sous le régime révolutionnaire, au
bénéfice de la Nation, et au mépris des réclamations réitérées de la commune ».
      Le conseil municipal vote d'urgence le rétablissement demandé. Mais comme
l'état financier de la commune ne lui permet pas d'y pourvoir, il demande au préfet
l'autorisation d'aliéner, dans ce but, un terrain communal situé au midi de la maison
Orcière, sur la place du Petit-Louvre (grande place de la Croix-Rousse actuelle). Ce
terrain, d'une contenance de i.ioo mètres carrés, pourra être vendu au prix de 5 francs
le mètre, soist 5.500 francs. Déjà le sieur François Thier, entrepreneur, a offert d'y
construire un local pour les écoles et une salle pour la mairie. Une somme provisoire
de 800 francs est votée au budget communal de l'année suivante, « pour commencer à
pouvoir se procurer un logement convenable aux écoles ».
      Voilà donc la question des écoles placée sous l'emprise de l'administration
municipale dont elle ne s'affranchira plus.
      Les deux invasions de 1814 et 1815 et leurs conséquences, dont la Croix-Rousse
souffrit cruellement, firent ajourner toute délibération relative à la question scolaire.
Mais le nouveau maire, Laurent Dugas, la fit sienne dès son entrée en charge et en
poursuivit infatigablement la solution qu'il devait réaliser quatre ans plus tard.
      Donc, en séance du 12 janvier 1816, le maire mande au conseil : « Dans le nombre
des établissements à créer, il en est un dont le renvoi à une époque plus éloignée
présenterait de si grands inconvénients que, malgré les charges qui pèsent sur la
commune, j'ose espérer que vous n'hésiterez pas à l'adopter. Je veux parler d'une
école gratuite pour les petits garçons dirigée par les Frères de la Doctrine Chrétienne.
      « Sortant d'une révolution sans exemple, dont les ravages se feront encore mal-
heureusement sentir trop longtemps, c'est par les bons principes seuls que nous
pouvons espérer des sujets fidèles au Roi et utiles à la Patrie. Nous ne saurions donc
donner trop de soins à l'éducation de cette génération appelée à nous remplacer. Et
c'est en regrettant de ne pouvoir faire davantage que je vous propose, Messieurs, de
vous borner à voter, pour le moment, l'établissement d'une seule école placée au centre
de la commune ».
      Le conseil adopte et vote une somme de 1.500 francs au budget de 1817. Mais
cette somme ne fut pas employée.
      Le 19 juin, il appelle l'attention du préfet sur « l'importance qu'il y a, pour la
commune, d'établir au plutôt l'école des garçons proposée par le maire, et dirigée par
les Frères de la Doctrine chrétienne, pour arracher à l'oisiveté les enfants des familles
pauvres et, en dirigeant leurs premiers pas, les former à l'obéissance aux lois, à l'amour
du souverain et à la pratique des vertus civiles et religieuses,
      « Et quand des temps plus prospères le permettront, établir de même une école
pour les filles ».
      En 1818, un généreux anonyme fait don d'une somme de 9.000 francs pour l'ac-
 quisition d'un immeuble destiné à l'école gratuite des garçons.