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     Plus représentatifs encore du génie religieux de Lyon que les philoso-
phes, sont les saints. La popularité du Bienheureux J.-B. Vianney, le curé
d'Ars, est universelle. La vie de ce desservant de campagne, mort en 1859,
rappelle les pages les plus merveilleuses des légendes du moyen âge. Par ses
origines, puisqu'il est né à Dardilly, par la formation dans les séminaires de
notre diocèse, il est Lyonnais, et aussi par le caractère prodigieusement
austère de sa piété. Cette âme infiniment délicate souffre du perpétuel
contact des ignominies que les pécheurs en foule viennent avouer à son
confessionnal. Les visions célestes viennent le fortifier dans sa misérable
chambre ou dans son humble église, mais, encore qu'il soit notre contem-
porain, nous ignorerons toujours les pages peut-être les plus belles de sa vie
intérieure, et nous sommes réduits à chercher d'involontaires confidences
dans ses catéchismes et ses sermons.
      Pauline-Marie Jaricot passe toute sa vie à Lyon, au début dans le quar-
tier Saint-Polycarpe où son père a un magasin de soierie, plus tard dans sa
maison de Lorette, sur le coteau de Fourvière. Elle a trouvé sa voie le jour
où elle s'est mise sous la direction de l'abbé Wurtz, homme d'un rigorisme
moral extrême et quelque peu illuminé. Son rôle de fondatrice de l'Œuvre
de la Propagation de la foi semble maintenant établi : une humble et modes-
te offrande hebdomadaire mise au service d'un grand rêve d'apostolat.
C'est bien là une création du génie mystique et pratique de Lyon. Le même
désir de travailler à la christianisation des classes ouvrières lui fera tenter
des œuvres sociales très hardies et très neuves mais réalisées dans des condi-
tions lamentables, elles la ruinèrent, transformèrent ses dernières années en
une véritable agonie et pesèrent lourdement sur sa mémoire, semblant faire
d'elle une banqueroutière frauduleuse, tache que son procès de béatifica-
tion fit enfin disparaître.
     Ce même caractère enthousiaste et conquérant a fait se multiplier nos
missionnaires dont plusieurs moururent martyrs sur des rives lointaines
comme le bienheureux Bonnard où le bienheureux Chanel, l'apôtre de
l'Océanie. Ne sont-ils point poussés dans l'ordre mystique par ce même
instinct de la race qui fait du commerçant lyonnais un exportateur hardi.
     Je ne fais que citer d'autres noms de fondateurs d'ordres religieux : le