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                             BIBLIOGRAPHIE                              229

cause première dans l'action de la loi promulguée, il faut une plume de
jurisconsulte. M. Henry Lucien-Brun, docteur en droit, fils de l'ancien
bâtonnier du barreau de Lyon, a entrepris cette tâche et tout lecteur
de son livre conviendra qu'il l'a accomplie avec un plein succès. Ce
n'est point un ouvrage de polémique qu'il a écrit, et, s'il a une opinion
sur les faits qu'il rapporte, il s'abstient de la faire connaître et n'a que
le souci d'exposer avec méthode et clarté la série des actes législatifs
qui, sous les divers régimes politiques, depuis un siècle, ont contribué
à assurer aux juifs en France, leur situation actuelle. Il n'a pas la préten-
tion, du reste, d'épuiser la question juive et laisse en dehors de son cadre
tout ce qui n'a pas sa place dans un travail exclusivement consacré à
l'étude de la loi et de ses transformations successives.
   Le livre s'ouvre par une introduction dans laquelle l'auteur expose
quelle était la situation légale des juifs dans l'ancienne France et le
caractère des diverses communautés formées par eux sur plusieurs points
du territoire. 11 rappelle le rôle bienfaisant de l'Lglise â leur égard, et
l'amélioration que Louis XVI projetait, â la veille de la Révolution,
d'apporter â leur sort. 11 donne en appendice le texte peu connu des
lettres patentes de ce prince du 10 juillet 1784.
   Quant au corps même de l'ouvrage, ses trois parties correspondent
aux trois grands faits historiques qui ont modilié le plus gravement la
situation des juifs, depuis la Révolution : l'émancipation des Israélites
par l'Assemblée Constituante ; l'organisation du culte mosaïque par
Napoléon ; l'assimilation du culte juif aux autres cultes et sa dotation
aux frais de l'Etat sous le gouvernement de juillet. Chacun de ces évé-
nements est exposé avec les circonstances qui l'ont préparé et accom-
pagné et qui ajoutent singulièrement à l'intérêt du récit. Ces circons-
tances sont, en général, assez peu connues et méritent de l'être. Ainsi,
l'Assemblée Constituante ne se décida à voter le projet de décret qu'après
beaucoup d'hésitation et plusieurs échecs de ses partisans. Les décrets
de 1S08 qui organisèrent, en France, l'exercice du culte israélite, ne
furent pas inspirés â Napoléon par une pensée généreuse et le souci de
la liberté de conscience, mais par un calcul politique et avec le secret
désir d'en faire un instrument de règne. Du reste, en même temps qu'il
garantissait aux juifs la liberté de leur culte. Napoléon édictait contre
eux des mesures destinées à réprimer l'usure, qui les plaçait hors du
droit commun pour l'exercice des droits civils.
  Sous la Restauration disparurent les dernières différences qui séparaient