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                             L liCOLK LYONNAISE                         177

dans la personne et dans les Rimes de Pernette du Guillet.
 C'est encore à Maurice Scève qu'elle adressait ce joli dizain :
              Puisque de nom et de fait trop .sévère
              Eu mon endroict te puis appercevoir,
              Ne t'esbahis si point ne persévère
              A faire tant par art et par seavoir
              Que tu lairras d'aller les autres veoir :
              Non que de tov je me voulsisse plaindre,
              Comme voulant ta liberté contraindre;
              Mais advis m'est que ton sainct entretien
              Ne peult si bien en ces autres empraindre
              l'es mots dorés, comme au cueur qui est tien.

   « O poète! ô chose inconstante et légère, va donc, et
cours où la beauté t'appelle ! Aime d'autres                   femmes        et
prodigue leur comme à moi la flatterie de tes vers ! Mais,
dans ma solitude, laisse-moi- seulement croire qu'aucune
n'y sera plus sensible que celle qui fut ta créature! » La
première édition des Rymes de genlile et vertueuse dame Per-
nette du Guillet, lyonnaise, a paru            pour       la première   fois
en 1545, chez Jean de T o u r n e s , et ainsi précédé de deux
ans la publication des Marguerites               de la Marguerite        des
Princesses, 1547. Si nous en faisons la remarque, c'est qu'il
serait injuste d'oublier la part que la reine de Navarre a eue
dans ce mouvement d'émancipation du génie féminin qui,
dès le règne d'Henri II, allait mêler aux inspirations d'une
littérature jusqu'alors toute masculine quelque chose des
grâces et de la douceur d'un autre sexe.
   Là peut-être, en effet, se résume l'influence de l'école
lyonnaise; — et là est sa gloire. O n a entendu Rabelais
'parler de la femme, ou plutôt on ne l'a point entendu, car
nous ne l'avons point cité, mais nous avons dit comment
il en avait parlé. C'est pourquoi, dans un livre bizarre : le
Fort inexpugnable de l'Honneur du sexe féminin,               d'un certain
    N° 3. — Mars i y o l .                                              12