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               D'APRÈS M. CHARLES MAURRAS                  15

«   Ils publièrent que Pallas avait pris la figure de Mentor
«  pour diriger le fils d'Ulysse sur la mer, mais que, pour
«  conserver l'intégrité de la littérature lyonnaise, cette
«  haute déesse avait multiplié son souffle dans la poitrine
«  de quatre jeunes hommes d'élite. Silencieux comme
«  Mentor et peu portés à se faire valoir sur les presses des
«  typographes, ils excellaient dans le conseil. Leur critique
«  était juste et grande, comme la critique de Goethe,
a  leur esprit aigu et subtil comme celui de X. Doudan. Il
«  n'était comparaison que ne fissent les jeunes Lyonnais
«  arrivés à Paris, pour faire concevoir aux autres peu-
ce plades gauloises quel précieux trésor leur ville possédait
«  en ces quatre frères. Les Tisseur auraient pu se dispenser
«  de rien produire : leur renommée s'établissait d'elle-
«  même et sans qu'ils y eussent donné le plus petit effort.
   « Néanmoins, au foyer que présidait plus d'une muse,
« ils ne cessaient point d'ajouter à leurs théories une mise
« en œuvre. L'aîné, Barthélémy, dont M. Clair Tisseur
& rapporte avec une nuance d'étonnement que jamais il ne
« posséda de dictionnaire de rimes, se donnait aux chan-
ce sons par délassement plutôt, semble-t-il, que par goût,
ce C'était un sage. Il joignait à ce glorieux métier de poésie
ce l'état de professeur, qu'il exerça en Suisse. La Suisse est
ce un pays à demi germain comme l'est la Belgique. Lyon
ce n'en est pas éloigné de plus de deux journées de marche.
« L'intervalle est plus court encore entre l'esprit des Lyon-
ce nais et celui des Helvètes, bien que le premier aime à se
ce divertir de la simplicité du second. Plus d'un Helvète a
ce réussi à se donner pour Lyonnais et plus d'un Lyonnais
ce a été pris pour un Helvète. Pourtant Barthélémy Tisseur
« nourrissait sa pensée des dialogues de Platon; toutes ses
« rêveries se tournaient vers la beauté pure à laquelle le