page suivante »
D'APRÈS M. CHARLES MAURRAS II aurait été ce métaphysicien mystique qu'on appelait de son temps « le doux Ballanche ». Ampère aussi un moment en aurait fait partie ; j'y rattacherais volontiers Edgar Quinet, né un peu plus loin du côté de la Suisse. Mais le prophète inspiré, l'apôtre et le représentant le plus brillant du groupe, au moins dans le domaine de la poésie, serait Victor de Laprade. Ajoutons-y le peintre symbolique Chenavard. Comment on pourrait rattacher à la même école Soulary, Louisa Siefert et d'autres encore que j'oublie certainement, j'avoue que je ne le vois pas très bien, sans douter pour cela que, si j'étais Lyonnais et au courant des choses locales, je n'aperçusse les [fils plus ou moins ténus, mais réels, par lesquels tous ces esprits se tiennent et forment une famille noble et distinguée dans la grande race française. « Encore une fois d'où vient ce génie lyonnais qui se distingue du génie gaulois proprement dit par tant de ca- ractères intéressants? D'où vient surtout la fécondité morale de ce coin de terre entre Saône et Rhône ? Les habitants de Lyon aiment à l'expliquer par leurs liens historiques avec la Grèce antique, par ces colonies grecques qui re- montaient la vallée du Rhône au premier et au second siècle de notre ère. Je ne sais ce que vaut l'explication. Ce qui me paraît évident, c'est la parenté spirituelle des philosophes et des poètes lyonnais avec le génie de la Grèce. Qu'est-ce que la foi des Ballanche, des Laprade et des Tisseur dont je vais parler, sinon une sorte de plato- nisme chrétien, je ne sais quelle inspiration où se mêlent à l'esprit de l'Evangile les souffles odorants qui ont passé sur les fleurs de THymette ou de l'Hélicon ? » Et maintenant laissons la parole à . M. Maurras, non sans l'avoir remercié des sentiments de sympathie qu'il a mani- festés pour nos poètes.