page suivante »
6 L'ÉCOLE LYONNAISE découvert Soulary et Louisa Siefert. N'en pourrait-on point nommer d'autres? Quoi qu'il en soit, les amis de Laprade qui lui ont survécu se rappellent qu'un jour il arriva tout glorieux au café Casati : le libraire le plus im- portant de Lyon avait vendu jusqu'à douze exemplaires de Pernelle. On voyait bien que ce n'était pas le succès du premier venu. L'article de M. Maurras est un peu chair et poisson, sucre et sel, miel et moutarde, et volontiers l'auteur loue en se moquant et se moque en louant, mais sa main est toujours légère. Les Lyonnais sont trop gausseurs par béquarre et par bémol pour ne pas recevoir de bonne grâce, les flèches ailées, élégantes, que M. Maurras adresse à leurs poètes. Il raille un peu la grande amour des Lyonnais pour la terre et l'âme lyonnaises. Nous acceptons le reproche. Que voulez-vous? C'est notre félibrige à nous, le félibrige du pauvre ! Peut-être bien aussi M. Maurras aura-t-il pris trop au sérieux quelques-unes des boutades de Puitspelu à l'endroit de la « gloire » lyonnaise. Entre Lyonnais, on sait ce que parler veut dire et l'on s'entend à demi-mot. On sait aussi que le paradoxe n'est drôle qu'à la condition de reposer sur un fond de vérité, mais aussi d'exagérer fortement. Lorsque, dans les Vieilleries, l'auteur met les vieux nageurs lyonnais au rang des héros d'Homère ; lorsque, dans les Oisivetés, il fait remarquer l'incomparable supériorité de telle phrase du dialecte populaire en regard de telle période cicéronienne, il ne faut pas tout prendre tout à fait au pied de la lettre. Peut-être les Lyonnais sont-ils moins dupes d'eux-mêmes que bien d'autres, par exemple que nos excel- lents voisins de la terre où fleurit le félibrige. Nul, plus que le Lyonnais, ne se plaît à se gausser mélancoliquement de