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368 LUTHERIE attention à saisir ses idées ! quel respect pour les chefs- d'œuvre, quel ensemble et quelle unité dans l'interprétation de chaque phrase. Avec ceux qui ont fabriqué les instruments et ont su s'en servir, il faut placer Tourte, dont la spécialité fut l'indispen- sable complément des instruments à cordes. Tourte n'a fait que des archets fort recherchés pour leur coupe irrépro- chable, leur souplesse et leur fermeté. Ils se vendaient fort cher, du moins ceux de la bonne époque, car les derniers sortis de ses mains se ressentaient de l'affaiblissement de ses facultés physiques. Après cela, les modernes : Paganini isolé dans sa gloire et dont on n'a pu copier que les bizarreries; Sivori, Allard, Ernst et OUe-Bull, Servais le Paganini du violoncelle. Les femmes n'étaient pas absentes de cette galerie : on a Téresa Milanollo telle qu'elle parut au Conservatoire, ayant déjà son mélancolique sourire sur une figure enfantine, on voyait M lle Oltavio, jeune violoniste fort jolie, dont le talent était inconnu, etM l l e Christiani, tenant son violoncelle d'un air un peu prétentieux et posant trop en Sainte Cécile ; était-ce donc tout ? non, j'oubliais un important accessoire, nous reportant aux fantastiques légendes d'Hoffmann, un énorme chat noir, cousin sans doute du chat Murr, animal chéri des musiciens habiles, parce qu'il est habituellement paisible et peu bruyant, et des musiciens maladroits dont les fausses notes rappellent ses miaulements. Celui-ci, du reste, très pacifique, tenait avec gravité sa place au milieu des célébrités et semblait prendre plaisir à entendre autour de lui deviser de musique et de lutherie. On ne peut parler des instruments à cordes, dont le violon est le père, sans un exposé préalable de leur origine, de leurs progrès, de leur fabrication et des qualités qui