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LUTHERIE 3^5 de lui une basse de viole faite pour François I er , sur laquelle était une vue de Paris en marqueterie. Elle appartenait à M. Raoul, amateur distingué, à qui Onslow a dédié un de ses quintetti. M. Raoul habitait à Passy et joua un jour la partie de premier violoncelle sur son instrument aux sons argentins, mais un peu voilés. En face, le portrait de Lupot, puis les compositeurs et . les exécutants; Beethoven et Gluck, aux figures sévères. Quoique Allemand, Gluck appartient en quelque sorte à la France, car la plupart de ses chefs-d'œuvre furent écrits sur les tragédies lyriques de poètes français. Il ne fit que perfectionner le système de Rameau, en l'agrandissant. Ce système, quand il n'est pas employé par un génie hors ligne, devient monotone et engendre l'ennui. La déclama- tion éteint le rythme mélodique, et nuit à l'enchaînement des périodes musicales. Nourrit, si complet comme acteur, qui sut, à force d'in- telligence, faire croire qu'il était aussi un grand chanteur, Nourrit avait une prédilection pour les opéras de Gluck, où l'art du chant peut être suppléé par l'expression dra- matique. Le rôle d'Orphée était son triomphe et il choisit Armidepom sa représentation de retraite. Cet opéra ren- fermait trop de choses insolites pour les oreilles blasées, le public resta froid. Grétry et Boïeldieu, ils représentent l'esprit français. Grétry est le vrai fondateur de l'opéra-comique ; c'est-à - dire de ce genre mixte, franc en lui-même, cherchant à joindre la finesse de la comédie à une musique honnête et modeste, reléguée au second rang et qui, par la force des choses, finit par prendre le premier. Boiëldieu a une élé- gance plus raffinée, aux dépens quelquefois de la naïveté et de l'invention. Grétry a laissé de curieux mémoires, où,