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222 BIBLIOGRAPHIE c'est une sympathie ; c'est qu'elle entend en elle des échos répondre à cet hymne universel, c'est que ces chants lui prêtent des voix pour exhaler ses propres souffrances, c'est qu'unissant sa plainte à toutes ces plaintes, elle se sent elle-même munie et aidée de toute leur puissance pour se répandre au dehors en soupirs et en lamentations. Nul parmi les profanes ne peut être comparé aux poètes bibliques pour la profon- deur de l'accent, l'immensité de la pensée, la grandeur de la tristesse. Job est encore un peintre merveilleux. Il a le don d'animer la nature insen- sible et de lui prêter une vie et une intelligence. Le plus souvent c'est par des personnifications ; ainsi ce qu'il dit de la foudre, de la mer, de l'aigle et du cheval, en nous les faisant voir sous l'impulsion de l'Etre divin qui leur communique la force et la vie. D'autres fois il fait vivre les choses, la nuit, les torrents, la lumière, en les mettant en commu- nion avec ses propres sentiments. Les Paraboles sont précédées d'un prélude en deux parties, écrites à des dates différentes (1858-88). Ces strophes bien venues me plaisent particulièrement. Pourquoi nous aimons les Poètes : Pourquoi nous aimons les poètes, Vous, mes amis, h savez-vous ? C'est qu'ils sont les vrais interprètes Des sentiments puissants et doux. Lorsque la voix du temps réclame Pour la tombe nos fronts courbés, Eux seuls savent rendre à notre âme Les biens qu'il nous a dérobés. Pour que l'espoir en nous renaisse Sur le seuil même du tombeau, Le soleil de notre jeunesse Dans leurs chants reluit, pur et beau, Eclairant les routes fleuries Où nous avons rêvé longtemps, Quand les aubépines, flétries, Avaient huit jours et nous vingt ans. C'est à regret que je limite mes citations. Toute cette pièce est fort belle. Dans les Paraboles, il faut mentionner le Semeur, VEnfant pro- digue surtout, les Vierges sages et les Vierges folles, où l'auteur s'est