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20&         UNE VISITE A L ' É G L I S E SAINT-SORUN

l'aspect saisit tout d'abord d'étonnement. L'un est debout
appuyé contre un mur et les mains jointes ; à sa gauche,
assis par terre, est un personnage fantastique regardant du
côté du visiteur et semblant lui-même stupéfait de l'appa-
rition de ce dernier. Le vide de ses orbites ajoute à sa
physionomie une expression de douleur qui éveille l'idée de
prisonniers morts dans un cachot. Dans l'angle de droite de
ce singulier ossuaire, un troisième corps demi-étendu, la
tête reposant contre le mur, est dans une attitude plus
affaissée. A ses pieds, un torse dont les membres inférieurs
gisent au milieu d'os humains entassés pêle-mêle, et comme
couronnement à ce sinistre tableau, une corniche faite de
trente-sept crânes rangés à la suite les uns des autres sur un
retrait de la maçonnerie.
    MM. les docteurs Dufour, de Saint-Vallier et La Saigne,
de Tournon, qui m'ont accompagné dans une seconde
visite faite à ce curieux charnier, ont soigneusement exa-
miné les corps et ont reconnu que leur conservation était
due à un phénomène absolument naturel. Le premier, celui
qui est debout, est le corps d'une femme mesurant i mètre
44 centimètres environ. Le crâne était revêtu d'un bonnet
dont on voit des fragments recouvrant quelques cheveux
d'un blond ardent. Le membre inférieur droit est surtout
remarquablement conservé, la poitrine et l'avant-bras sont
en assez bon état. Le deuxième corps qui est assis mesure
i mètre 77 centimètres. Le troisième est à peu près de même
taille et a encore la poitrine enveloppée d'un linge grossier
et raccommodé. Tous les crânes examinés appartiennent
manifestement à des cadavres adultes, à l'exception d'un
seul, dont les sutures sont imparfaitement ossifiées.
   Ces corps, qui sont depuis longtemps l'objet de la curio-
sité des gens du pays, étaient autrefois plus nombreux et