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DANS LE LYONNAIS I43 1693, une émeute populaire mit en danger la vie des éche- vins et ne fut apaisée que par l'intervention personnelle de l'archevêque Camille de Neufville, qui mourut, le 3 juin, peu de jours après ce dernier service rendu à la paix de la cité. Mais si l'ordre était rétabli, la misère publique ne cessa pas, puisqu'un an après, en mai 1694, Mme de Sévigné qui venait de traverser Lyon, se félicite d'être à Grignan, dans un pays si différent « de celui où elle a passé », où l'on ne voit ni misère, ni famine, ni maladie, ni pauvres. Mme de Sévigné ne devait pas revenir de la Provence. Arrivée à Grignan, l'esprit attristé par les malheurs publics et la mort de ses meilleures amies, elle y retrouva, pour la fin de sa vie, un peu de bonheur au milieu de tous ceux qu'elle aimait. Au cours de l'année 1695, elle assista au double mariage de son petit-fils le marquis de Grignan et de sa petite-fille Pauline, devenue Mme de Simiane. Ces deux alliances avec des familles opulentes étaient à point pour rétablir les affaires des Grignan, gravement compromises par l'excessive dépense et le train fastueux qui causaient à Mmc de Sévigné un si cruel souci. Ainsi rassurée sur l'avenir de sa maison, la marquise de Sévigné mourut de la petite vérole à Grignan, le 17 avril 1696. Elle fut inhumée dans l'église collégiale de Saint-Sauveur, voisine du château. Une pierre et une inscription indiquent encore le lieu de la sépulture. Mais le tombeau est vide depuis que la fureur révolutionnaire, acharnée jusque dans la mort, contre ses royales victimes, a violé la tombe de celle qui fut, elle aussi, une reine par l'intelligence. A. POIDEBARD.