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i56        LES VOYAGES DE MADAME DE SÉVIGNÈ

    Ce projet ne souriait pas à Mme de Grignan, qui aurait
 voulu que sa mère revînt des Rochers à Paris, où elle dési-
 rait se rendre elle-même et où elle l'aurait rencontrée. De
 là, un échange de lettres où se montre, comme en d'autres
 endroits de la correspondance, le caractère égoïste et peu
 aimable de la comtesse de Grignan. Mais sa mère clôt le
 débat en lui écrivant, le 17 septembre : « Ma bonne, vous
 « vous fâchez contre moi ; vous appelez mes lettres chiennes;
 « vous dites que j'ai pris de travers ce que vous m'avez
 « mandé : nous traiterons cette affaire à Grignan, huit jours
 « après la Toussaint, s'il plaît à Dieu. »
    «       Si vous m'aviez vu faire mes marchés de litière et
 « de voituriers, vous ne croiriez pas que je manque de
 « courage... »
    Mrae de Sévigné quitta les Rochers le mardi 3 octobre
 1690, coucha le premier jour à Laval, puis à Sablé, au Lude
et à Tours, d'où elle écrit : « Me voici, ma chère enfant,
« en parfaite santé, fort contente de la litière : cela passe
« partout, on ne craint rien. On dit que cette voiture est
« triste : je la trouve bien gaie quand on n'a pas peur. »
    Elle arrive à Lyon le 19 octobre et écrit le même jour :
« Je suis arrivée à midi, ma chère bonne, avec mon ami,
« l'abbé Charrier, qui m'a été d'un secours en toutes ma-
« nières dans une route que je ne connais pas, que vous
« pouvez aisément vous représenter. » A Lyon, la mar-
quise de Sévigné n'est pas reçue, cette fois, dans la famille
de Rochebonne, ses hôtes habituels, sans doute, parce que
la comtesse de Rochebonne était absente. Une lettre du
27 août nous apprend qu'elle était, à cette date, au château
de Grignan, chez son frère. Ce fut la mère de l'abbé Char-
rier, Antoinette Liotaud, son père, Gaspard Charrier, étant
mort depuis peu, qui logea Mme de Sévigné dans son