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92                     LA STATUE D ' A M P E R E

     Dans un souverain maître invisible à nos yeux,
     Et qu'il serait assez d'un culte moins austère,
     Aux monuments d'airain dont l'homme, sur la terre,
          Forme un olympe avec ses dieux ?


     Non, il te dit tout bas que l'on doit à la foule,
     Quand sa chaîne mouvante en anneaux se déroule,
     Représenter debout, sur un haut piédestal,
     Celui qui fut longtemps, avant qu'on le contemple,
     Dans son fécond passage, un glorieux exemple
          Honorant son pays natal.


     Il dit que vainement pour accomplir son rêve,
     L'homme, sous le destin, s'agite et se relève,
     Jaloux de se soustraire à d'immuables lois ;
     Qu'en vain sur un autel il se dresse en idole,
     Car le flot populaire à sa fureur l'immole,
           Bientôt, pour la seconde fois.


     Mais que, si ton chef-d'œuvre illustre sa mémoire,
      Ce bronze, en parlant mieux qu'une page d'histoire,
      Fous lie au même sort tous deux à Vavenir,
     Et que ton nom gravé sur l'angle le plus sombre,
     Jusqu'aux siècles futurs rayonnera dans l'ombre,
           Sans que rien le puisse ternir !


                                           Aug.    VETTARD.



      Lyon, 3 mars 1888.