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DANS LE LYONNAIS 31 marquise de Coulanges. Camarade de Louis XIV, beau, spirituel et fastueux, il avait eu part aux plaisirs de la joyeuse jeunesse du souverain et figuré avec lui dans les ballets royaux joués à Versailles. Tout cela ne constituait pas une préparation bien sérieuse aux grands commande- ments militaires qui devaient associer le nom du maréchal aux revers et aux tristesses de la fin du règne. Il n'y a pas à contredire au jugement de la postérité qui tient ce per- sonnage pour le type du général courtisan et malheureux. Cependant il ne faudrait pas croire que la faveur aveugle du roi fût seule à le défendre contre le discrédit que tant d'échecs successifs lui avaient valu. Témoin ce curieux jugement de Boileau sur le rôle de Villeroy à la bataille de Ramillies. Le 5 juillet 1706, Boileau écrivait à l'avocat lyonnais Brossette : « On dit que vous allez bientôt avoir « dans votre ville le fameux maréchal de Villeroy. Il y a « beaucoup de gens qui lui donnent à dos sur sa dernière « action et véritablement elle est malheureuse, mais je « m'offre pourtant de faire voir quand on voudra que la « bataille de Ramillies est toute semblable à la bataille de « Pharsale et qu'ainsi, quand M. de Villeroy ne serait pas « un César, il peut cependant fort bien demeurer un « Pompée. » Peut-être Boileau n'a-t-il cédé qu'au désir de « placer un bon mot (4). Après le passage de Mmc de Sévigné à Lyon, Mme de Coulanges eut d'abord le projet, qu'elle ne réalisa pas, d'aller à Grignan pour rendre à la mère et à la fille réunies les visites qu'elle en avait-reçues à Lyon, et deux jours après le départ de son amie, elle lui écrit de cette ville (4) Correspondance de Boileau et Brossette, p. 228.