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24         LES VOYAGES DE MADAME DE SEVIGNÉ

voyage de la marquise, moins braves qu'elle, hésitent à
partir par crainte des punaises, des puces et des scorpions.
   On traverse la Bourgogne. Le premier soir on couche à
Essonne. Le voyage est long et triste. La marquise regrette
la société de son cousin Emmanuel de Coulanges, le joyeux
chansonnier : « Nous voyageons un peu gravement, écrit-
« elle, nous n'avons point trouvé de lecture qui fût digne
« de nous que Virgile, non pas travesti, mais dans toute la
« majesté du latin et de l'italien. » Le sixième jour Mme de
Sévigné arrive à Autun, où elle s'arrête au château de
Montjeu, chez son ami le président Jeannin. Elle en repart
cinq jours après, arrive le 23 juillet au soir à Chalon-sur-
Saône, et s'embarque le lendemain dimanche sur la Saône,
pour Lyon, où elle arrive le lundi 25 juillet, à 6 heures du
soir. M. du Gué-Bagnols, intendant du roi à Lyon, père de
Mme de Coulanges, l'amie et la cousine de Mme de Sévigné,
l'attendait à l'arrivée du bateau avec sa femme et sa fille, et
l'emmena souper.
   Cependant elle ne prit pas son logement chez l'intendant,
mais chez un chanoine, comte et chamarier du chapitre de
Saint-Jean, Charles de Châteauneuf de Rochebonne, dont
l'hôtel bien connu, construit au commencement du
XVIe siècle, par François d'Estaing, premier chamarier du
chapitre, subsiste encore à l'angle de la rue Saint-Jean et
de la rue de la Bombarde, ancienne rue Porte-Frau, avec
son fameux puits attribué à Philibert Delorme, sa façade et
son escalier qui offrent un mélange du style ogival et de
 celui de la Renaissance.
    Charles de Châteauneuf de Rochebonne était le frère du
 marquis Charles-François de Rochebonne, seigneur de
Theizé et d'Oingt, commandant pour le roi dans les pro-
vinces de Lyonnais, Forez et Beaujolais, marié en 1668 Ã