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284           NOTICE SUR SAINT-RAMBERT-DE-JOUX.

    La bourgeoisie était, on le voit, bien plus nombreuse à Saint-
 Rambert qu'elle ne l'est de nos jours. Elle se rattachait par les
 liens de la société avec les religieux de l'abbaye et quelques fa-
 milles nobles qui habitaient le pays. L'érection de la ville en
chef-lieu de district, lors de la révolution,— ce district contenait
 les cantons d'Ambérieux , Lagnieu, Poncin et Saint-Rambert, —
puis en simple chef-lieu de canton un peu plus tard ; la résidence
d'un percepteur, d'un receveur de l'enregistrement, d'un direc-
teur de la poste, d'un agent-voyer, d'un brigadier des eaux et
forêts, d'une brigade de gendarmerie, d'un maître de poste, d'une
justice de paix, de deux huissiers et de trois notaires , ne suffi-
sent point, nous disent les anciens, pour rendre à Saint- Kam-
bert le lustre dont il brillait au siècle dernier ; ces amis du vieux
temps ajoutent que, s'il a conservé son hôpital avec sa pharmacie,
il a perdu son collège, et que la célèbre manufacture de linge de
table qui étendait sa réputation dans toute la France , est à peu
près anéantie. Mais, bien des personnes se consolent de la perte
des vieux privilèges et de la première industrie de Saint-Rambert,
en considérant l'augmentation du bien-être de la population et
l'importance de son industrie nouvelle. L'activité y a succédé
dans toutes les classes à l'ancienne et routinière apathie. Le re-
venu des terres a au moins doublé. Le carrosse de Belley qui pas-
sait jadis une fois chaque semaine dans notre grand'rue, pour
se rendre à Lyon, est remplacé par deux ou trois diligences cha-
que jour encombrées de voyageurs. Enfin, une papeterie, une
forge importante destinée à la fabrication des faux en acier fondu,
et deux filatures de laine et de soie employent ensemble près de,
400 ouvriers dans les temps ordinaires. Ces établissements ont
donné de la vie à nos gorges les plus sauvages ; ils utilisent des
cours d'eau longtemps abandonnés et le travail des plus faibles
enfants. Nous avouons que, avec l'industrie, laméfiance, la vanité,
l'immoralité des villes peut-être, se sont introduites chez nous.
Il est vrai qu'à Saint-Rambert on ne croit plus faire partie d'une
seule et même famille ; que la rue n'est plus le salon d'été, et la
halle le salon d'hiver des habitants ; nous ne disconviendrons pas
que la propriété se divise jusqu'à l'excès, devient chaque jour plus