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              ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET.                  45

Formio. Par ce traité, le jeune général Bonaparle s'était refusé
la gloire d'une nouvelle campagne pour donner la paix à sa pa-
 trie. Aussi la joie fut-elle au comble dans Paris, surtout lors-
qu'on sut que les conditions de la paix étaient avantageuses.
    A la bataille de Tarvis, qui eut lieu le 4 mars 1797, Suchet
justifia sa renommée par son courage et sa prudence ; il y fut
encore blessé. Masséna le combla d'éloges et pour prix de
sa belle conduite lui confia la mission de porter au général en
chef Bonaparte les drapeaux conquis dans cette journée.
    Celui-ci vit arriver à son quartier-général un jeune guer-
rier, Suchet, qui allait bientôt égaler en talents militaires les
plus habiles généraux de l'époque. 11 accueillit le lieutenant
de Masséna avec les marques de la plus haute distinction ,
lui prodigua les témoignages de l'affection la plus vive, lui
dit qu'il regardait les trophées apportés par lui comme un
gage assuré d'autres victoires. Ils passèrent quelques heures
dans un entretien intime. Suchet fit un récit circonstancié de
la bataille de Tarvis. Bonaparte, à son tour, le félicita sur le
brillant fait d'armes qui lui avait valu une glorieuse blessure
de plus. Dès cette première entrevue , des sentiments d'une
estime réciproque et d'une sympathie profonde unirent les
deux héros. L'un céda aux séductions du génie et d'une grâce
non moins puissante , l'autre se montra fier du prestige qu'il
exerçait sur celui qui allait bientôt devenir l'un des plus
illustres chefs des armées. Bonaparte ne larda pas à discerner
en Suchet l'amour des grandes choses, la noblesse du carac-
tère, des qualités éminenles, la modestie qui en sait voiler
l'éclat; et Suchet, de son côté, s'aperçut que le sang des
Alexandre é des César commençait à bouillonner en Bona-
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parle. Celui-ci le fit ensuite monter à cheval à ses côtés, et
se plut à le montrer à l'armée. Celte réception et cet entre-
tien avaient jeté l'âme de Suchet dans une sorte d'enivrement.
  A quelque temps de là, encore atteint d'une balle à l'épaule