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      DEUX ÉMEUTES AU XVIIP SIÈCLE

                           A LYON




   La révolte de 1744 fut occasionnée par un arrêt de la cour
qui substituait un nouveau règlement pour la fabrique à celui
précédemment en usage. Par ce nouvel édit, surpris à la justice
du roi par l'intrigue des gros marchands, et qui renversait la
hiérarchie admise dans la corporation des artisans, on exigeait
une somme d'argent exorbitante de la part de l'ouvrier maître
qui voulait devenir marchand. Cette injustice, jointe au prix
très-élevé des denrées de première nécessité, porta le peuple à
une sédition qui eut un caractère alarmant, et qui ne se calma
que par l'entremise de MM. les comtes de Lyon.
   11 est à remarquer à ce sujet que la haute considération
et la popularité dont jouissaient MM. les comtes provenait de
la lutte continuelle de pouvoir et de préséance où ils étaient
avec toutes les autorités de la ville, et alops, quand le
peuple mutiné avait à craindre la juste rigueur de ses magis-
trats, il acceptait avec empressement la puissante médiation de
MM. les comtes, qui dans ces circonstances ne craignaient
pas de venir eux-mêmes au milieu de ces enfants égarés, les
assurer du pardon, s'ils se rendaient à l'obéissance. Lors de la
révolte des compagnons chapeliers, peu d'années avant la Ré-
volution, le comte de Pingon fut seul trouver les révoltés can-
tonnés dans les guinguettes de Perrache et les ramena à l'obéis-
sance. Tel a toujours été le beau rôle du clergé en France dans
tous les troubles populaires de s'interposer entre les juges et