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                   ÉTUDE SUR LE PATOIS LYONNAIS.                      185

           Colada y Tisona miâ ,
           No colada,mas colada (1),
           Por mil contrarias armeses,
           Ypor mil contrarias   armas...,

   « Colade et toi ma Tizone, vaillantes épées de bonne
trempe, mais mieux encore trempées du sang de vos en-
nemis, que ferez vous maintenant sans moi ? et à qui vous
confier qui ne ternisse point votre honneur?.. »
   Puis il se fait amener son bon cheval Babieca. Comme
l'Arabe à son coursier, il veut dire un dernier adieu à cet
ami, compagnon fidèle de ses bons et de ses mauvais
jours. Le cheval entre, plus docile, dit le texte, qu'un do-
cile agneau ; ses yeux étonnés et grands ouverts se fixent
sur son maître, m a i s e n voyant l'air de souffrance répandu
sur son visage, il semble deviner son malheur et baisse
tristement la tête. Alors le Cid : Voilà qu'il va falloir nous
quitter, cher ami, combien ton maître va te faire faute, lui
qui aurait tant voulu te récompenser ! puisqu'il n'en peut
être antrement, contente-toi, ami, de voir ton nom immor-
talisé par les exploits que nous avons accomplis...
   Enfin, tous les soins que l'on peut donner aux choses de
la terre étant accomplis, el buen campéador quiere orde-
nar su aima, le bon Cid campéador pense à mettre ordre
aux choses de l'âme.Mais en homme prévoyant et qui pense
à tout, il a pris soin de dicter son testament. Donc eu pré-
sence de quatre témoins assistés d'un notaire,

           Y présente Alvar Fanez
           Que es escribano (2) de fama,
           Y con el cuatro testigos,
           Asi comienza sus mandados :

   (1) Colada, la bien trempée : Tisona, !a flamboyante. II y a ici un jeu
de mots sur Colada, épée de bonne trempe, et Colada, trempée de sang
des Mores.
  (2) Scribano, scribe, écrivain, garde-notes, notaire.