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376          LETTRE DE MONSEIGNEUR TURINAZ

    Enfin, ici encore on dirait que ces historiens ont voulu
réfuter à l'avance les objections des Valdotains et de leurs
défenseurs. Les Dominicains, qui ont publié en 1652, sur
l'ordre de deux de leurs Maîtres généraux, Les Commentaires
du Livre des Sentences du pape Innocent V, les font précéder
d'une Vie du Bienheureux qu'ils déclarent être recueillie de
plusieurs auteurs.
    Le P. Mothon, et tous les Valdotains, d'ailleurs, invoquent,
comme base de la tradition valdotaine, des monuments gra-
phiques, c'est-à-dire trois portraits qui existent dans la
vallée d'Aoste.
    J'ai déjà deux fois fait remarquer que des tableaux ou
des portraits faits par des peintres inconnus, sur l'ordre de
personnages inconnus, ne peuvent être des preuves histo-
riques. De plus, celui de ces portraits qui est considéré
comme le plus ancien et, selon toute probabilité, la cause
des deux autres, .est associé, si je puis ainsi dire, à deux
erreurs très graves. L'inscription qu'il porte dit qu'Inno-
cent V a été archevêque de Tarentaise, ce qui est inexact, et
les armoiries qui ornent ce tableau ne sont pas les armoi-
ries de la famille des Cours, à laquelle, d'après les Valdo-
tains, appartenait Innocent V, mais les armoiries de saint
Pierre III, archevêque de Tarentaise.
   Le P. Mothon fait remonter l'origine de ce tableau
jusqu'au xve siècle, mais M. Avondo, professeur de peinture
à l'Université de Turin, dont on ne peut contester ni
l'indépendance dans ce débat, ni la haute compétence, a
déclaré qu'il était de la fin du xvn e siècle.
   Notre adversaire apporte deux prétendues preuves à
l'appui de son affirmation, d'abord la déclaration de deux
frères peintres, appelés Altari. Je récuse absolument l'auto-
rité des Altari : i° parce qu'ils sont Valdotains et, par consé-