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LES PROTESTANTS A LYON l83 finesse et sans grâce. Le don de l'invention, quant à la forme, paraît avoir été rare chez eux, au moins au temps dont nous parlons. Ils avaient, par contre, les aptitudes qu'exige l'office de marchands ou de banquiers ; aussi le nombre de ceux-ci a-t-il augmenté. L'affluence de ces derniers, presque tous étrangers, s'ex- plique. Ces Suisses et ces Allemands que Lyon attirait y venaient prendre la place des Italiens, et ils y réussirent sans peine. Les circonstances les servirent. La fabrique d'étoffes de soie commença à se développer et à prospérer à Lyon vers le milieu du xvie siècle. Les efforts des Rois avaient été vains précédemment. Les maî- tres et les ouvriers italiens et grecs n'avaient exercé, malgré les privilèges et les concessions qu'ils avaient reçus, qu'une industrie limitée ; les maîtres et les ouvriers français mon- traient de leur côté peu de goût et d'ardeur pour une manu- facture qui n'avait pas sa pleine liberté d'action. Les Rois comprirent, comme Henri II et Charles IX l'ont rappelé, l'un après l'autre, qu'il fallait « acommoder et favoriser le trame des banquiers et marchans ». Lyon devint l'unique entrepôt des soies étrangères importées en France ; le commerce des soies fut organisé différemment et plus solidement ; un marché large et permanent s'établit pour la matière première. Ce commerce, à vrai dire nouveau, fut exercé par plus de marchands et par plus de marchands français. Ce n'est pas cependant cette cause qui fit perdre aux maisons italiennes de leur importance; il y eut à cela d'au- tres causes. Il s'est trouvé que ce fut le commencement de leur déclin. Le commerce des soies était devenu plus facile pour les Lyonnais ; l'esprit d'entreprise s'était éveillé chez eux. En même temps, les foires, moins nécessaires, déter-