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LES PROTESTANTS A LYON IOI pas retenu pour eux leurs métiers. Ils n'ont pas gardé les qualités de leur race, et nous nous sommes vite approprié leurs inventions, leurs habiletés professionnelles et quel- ques-uns des traits de leur esprit. A Lyon, dans notre peuple, l'effort était lent, tranquille, mais il était constant ; l'esprit, très indépendant, était tou- jours ouvert, saisissant tout, s'emparant de tout, s'assimilant de la façon la plus heureuse les idées et les pratiques de métier, leur donnant un caractère nouveau, original, par ses propres initiatives (4). Chose singulière, ce peuple si bien doué, attentif à tous les mouvements dans l'art et le travail, a montré longtemps un esprit de résistance à ces mouvements ; il ne cédait aux courants que tardivement. Il conservait ses propres allures quand ailleurs l'évolution s'était accomplie. C'est ainsi que beaucoup d'oeuvres lyonnaises paraissent antérieures à leur date véritable. Cela peut s'expliquer par ce fait que la ville de Lyon était en dehors des entraînements déterminés par le souverain. C'était autour du souverain, à la cour, que se préparait la transformation de l'art et de l'industrie, que prenaient naissance les élégances nouvelles et qu'on devisait des raffinements en toutes choses. C'était à la cour qu'il y (4) Nous avons donné notre impression, une impression rapide, sur le peuple lyonnais, dans notre essai sur Les Peintres de Lyon. Nous ne parlons ici des Lyonnais qu'au point de vue de l'exercice des métiers. Pour avoir un sentiment plus vif du caractère assez étrange de ce peuple et le comprendre mieux, il faut lire les pages écrites avec une plume incisive et alerte par un homme qui a un esprit pénétrant et de plus un esprit large et sûr. Lyon en tS8g. Introduction au rapport de la section d'économie sociale du Comité départemental du Rhône, par M. Edouard Aynard, est une œuvre vigoureuse dont le temps montrera de plus en plus la rare valeur.