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                       VICTOR DE LAPRADE                         153
   Voila le regard en arrière ; voilà le souvenir des jours
passés et des premiers enthousiasmes : Dieu, l'amour, la
nature. Mais le poète sent qu'une transformation a lieu en
lui. Parvenu à la maturité de l'âge et de la pensée, le rê-
veur oublie les lis de la montagne et l'homme d'action va
saisir la massue et les javelots. Harmodius et les Poèmes
civiques sont en germe dans ces vers empruntés au Psaume
de combat :
         Je ne sais si je puis, mais je sens que je veux,

         J'irai, que la tempête ou s'irrite ou s'apaise ;
         Mon armure me porte ; elle a nom le Devoir.

         Nul, quand le cri d'alarme a chez nous retenti,
         N'e>,t exempt du devoir de choisir un parti.

         Aimons jusqu'à la mort la vérité proscrite,
         La justice, étrangère à cesfougueux troupeaux,
         Le droit, dont le nom seul les blesse et les irrite,
         Et que je cherche en vain sous un de leurs drapeaux.

         Je crois ! Je veux agir pour attester ma foi.

   L'auteur des doux Poèmes évangéliques revient, dans
l'Amende honorable, défendre avec ses larmes le Christ
qu'on veut nous arracher,
                 Voici le chœur des saintes femmes
                 Avec des vases précieux ;
                 Sur les places des clous infâmes
                 Elles versent, à pleines âmes,
                 Des parfums rapportés des cieux.
                 Dans son angoisse maternelle
                 Chacune, au pied du crucifix,
                 Regarde en tremblant autour d'elle,
                 Si, parmi la troupe fidèle,
                 Elle aperçoit au moins son fils.
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