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                LES BIBLIOTHÈQUES DE LÃON                13

un chercheur infatigable , rerum rninutissimarum scisci-
talor, comme il s'appelait lui-même dans le Minuciana,
qu'il composa en collaboration avec son ami Peri-
caud ; sa bibliothèque était très-nombreuse ; on y remar-
quait diverses séries curieuses . telles qu'une suite de
diverses éditions et traductions de l'imitation des poètes
latins, anciens et modernes, des écrivains de l'école roman-
tique , dés mélanges de bibliographie et d'histoire lit-
téraire.
   Ces deux belles bibliothèques, formées avec tant de
goût, de science et de patientes recherches, n'ont eu, mal-
heureusement , comme toutes les bibliothèques particu-
lières, qu'une durée éphémère; roses, elles ont vécu ce
que vivent les roses. Ce bouquet aux fleurs si rares, d'un
si doux parfum, a dû, un jour, être délié par la nécessité
des exigences de famille et de fortune, et le commissaire-
priseur les a impitoyablement jetées à tous les vents. Que
sont-elles devenues, Dieu le sait ? Qui pourrait les suivre
dans les mains qui les ont emportées ? Si, au moins, elles
étaient devenues le partage de vrais savants, pour qui un
livre est un outil avec lequel ils fabriquent d'autres livres
utiles, instructifs, profitables à la société, à l'enfant qui
étudie, à l'homme mûr qui médite, à l'ouvrier qui travaille
et a besoin de guide. Mais le jour de la vente, les ama-
teurs favorisés de la fortune, les bibliomanes qui ne
colligent les livres que pour eux-mêmes, comme l'avare
qui ne réunit son or que pour sa jouissance personnelle,
les spéculateurs, et surtout les émissaires étrangers, sont
venus s'asseoir avides et rapaces autour de la table de la
salle aux enchères. On s'est arraché ces belles éditions, on
a couvert d'or les livres lyonnais , et tous ces trésors sont
partis le lendemain. Combien nous en est-il resté ? Com-
bien nos Bibliothèques publiques ont-elles pu recueillir