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ii               LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON

d'épaves de ce naufrage? A quoi aura servi à la science
vraie, sérieuse et utile, cette empilation de livres ? Lyon
la Riche s'est appauvrie une fois de plus, et, avant peu,
quand un Lyonnais voudra avoir une histoire de sa ville,
un livre de ses poètes, un cartulaire de ses chartes, il se
verra obligé de prendre le chemin de Londres, devenu le
grand marché actuel des vieux ouvrages ; mais l'homme
de science qui n'aura pas mille francs dans sa modeste
escarcelle, lui sera-t-il possible de chercher, au-delà de la
Manche , le livre qui lui est indispensable ? Il est con-
damné par la monomanie du bibliophile qui a oublié de
léguer à sa ville natale le trésor qui devrait lui appartenir,
à se croiser les bras devant un froid catalogue inutile,
mais qui ne lui rappelle que trop tout ce qu'il a perdu pour
toujours. C'est un ami qui pleure sur la tombe d'un ami.
   La collection Randin et Rostain se composait de
3,250 articles, et elle s'est vendue à Lyon le 27 novembre
et jours suivants, en 1873.


               Bibliothèque de M. Desq

   Cette bibliothèque, d'après le libraire Potier de Paris,
qui l'a vendue en 1866, bien que formée en peu d'années,
était une des plus remarquables qui aient été mises aux
enchères dans ces derniers temps. Elle ne renfermait pas
seulement des volumes précieux acquis çà et là, elle offrait
aussi des séries déjà riches et bien composées qui témoi-
gnaient de l'ardeur mise par M. Desq à les compléter. Il
recherchait aussi beaucoup les beaux manuscrits, et avait
su s'en procurer de plus d'un genre : manuscrits ornés de
miniatures, volumes écrits par Le Gagneur et par Jarry,
copies figurées, exécutées par Fyot et par le bibliophile,