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288                      HISTOIRE LITTÉRAIRE

« d'un côté par notre vieille union, de l'autre, par le deuil
« de la perte d'un frère (1). »
   Non moins malheureuses que les Å“uvres de saint Just
dont je parlais tout à l'heure, les épîtres de Syagrius n'ont pas
accompagné dans la postérité la correspondance conservée
de Symmaque. Ses œuvres poétiques ont partagé le sort de
ses œuvres épistolaires. On ne peut cependant attribuer
leur perte aux désastres de l'invasion; elles existaient en-
core du temps de Sidoine. L'illustre évêque des Arvernes en
a laissé ce brillant éloge dans une lettre adressée au petit-
fils de notre consulaire. « 0 postérité d'un poète a qui les
« lettres auraient dressé des statues, si les honneurs dont
« il fut revêtu ne les eussent érigées, tu n'es pas indigne
 « de ton aïeul. Oui, tu l'égales dans le genre d'écrire où
« tant de beaux vers que nous avons encore attestent sa
 « gloire (2) ! »
   Ces louanges de Sidoine , bien qu'elles semblent em-
preintes de l'exagération littéraire naturelle à cet écrivain
célèbre, rendent plus vifs les regrets que doit nous inspirer
la perte des poésies du vieil Afranius Syragrius. De quel
intérêt ne serait pas, pour l'histoire des lettres et des mœurs,
au IVe siècle, ce recueil poétique d'un homme du grand
monde romain, d'un haut dignitaire des jours de décadence,
éprouvé par les hommes et par les choses !
   J'allais terminer ici le IVe siècle, mais cette famille glo-
rieuse des Syagrius m'impose une dernière obligation. De-
vant la rencontrer, plus d'une fois encore, sur ma route,

   (1) Symmac. eptst., I , 95. (Trad. de MM. Grégoire et Collombet,
GEuv. de Sidoine Apoll., I, 209). -
   (2) Cum sis igitur e semine poetœ , cui procul dubio statuas dederant lit-
terœ , si trabeœ non dédissent, quod etiam mine auctores culta versibus
versa testantur , à quo studia posterorum ne parum quidem, quippe in
hac parte, deqeneraveru^t. {&j,dpn. epist., y. 5).