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                                DE LYON                                  289

je regarde comme indispensable de donner, dès ce moment,
sa généalogie, une généalogie brève et toutefois renfermant,
 dans sa brièveté, des indications suffisantes. Cette suite de
jalons, ainsi plantée, me dispensera, lorsque surgiront
quelques célébrités littéraires du nom de Syagrius, de re-
 prendre les discussions de naissance, de patrie et d'école.
   La gens syagria semble être gauloise d'origine. Etablie
 dans la Lyonnaise, ou Gallia comata, depuis un temps im-
 mémorial , elle avait échangé son nom national en celui de
 Syagrius, 'Evâypios (1).
   Le premier des Syagrius que mentionne l'histoire est


    (1) Tenant du sanglier, de la nature du sanglier, sus en latin , Oç en
grec. Pareille métamorphose onomatique avait eu lieu dans la famille des
Apollinaire, comme je le démontrerai lorsque son tour viendra. Le sanglier,
sus gallicus, était le véritable symbole de la nationalité gauloise. C'est, je
crois l'avoir établi (Rev. num., 1840, p. 245); le type le plus constam-
ment remarqué sur les monnaies celtiques. Il est donc naturel que le nom
de ce pachyderme soit porté par des personnages appartenant à la Gaule.
Seulement, au nom gaulois, après la conquête romaine, ces personnages
substituèrent le nom grec ou latin. Dès le I e r siècle, le célèbre rhéteur
gaulois, M. Arius Aper avait déjà renonce , pour l'appellation romaine, à
l'appellation consacrée qu'il portait chez ses compatriotes. Dans le III e ,
un autre Celte, Arrius Aper, préfet du prétoire semble avoir été connu
sous son ancien nom , récemment échangé , et sous son nom latin. Une
druidesse du pays de Tongres avait prédit l'empire à Dioclétien s'il tuait
un sanglier. Celui-ci, pour accomplir la prophétie, mit à mort Arrius Aper.
 Or, on ne peut douter que la druidesse tongrienne n'ait employé le mot
 de sa langue qui désignait l'animal dévoué par elle , le sus falalis que le
 futur empereur , suivant Vopiscus, poursuivit si longtemps en vain dans
 les forêts de la Gaule. (V. Vopisc. m Numerian, p. 252 et seq.) D'Aper vient
 le diminutif Aprunculus. Parmi les Gaulois qui portèrent ce dernier nom;
 l'histoire cité, au IVe siècle, un orateur qui dirigeait Julien dans ses
  opérations d'aruspicine, science qu'il tenait probablement des Druides, ses
  ancêtres. Eique (Juliano) tandem haruspicinœ peritus, Aprunculus, gallus
  orator... nuntiavit eventus. (Am. Marcel., Rer. Gest., XII, 1).

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