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236                       BIBLIOGRAPHIE.

varin qu'un de nos grands poètes, devenu historien, se refuse à
appeler victoire et qu'il qualifie du nom d'exécution.
   Eu appréciant le dernier acte de la vie publique de l'amiral
grec, M. Yemeniz fait preuve du jugement le plus droit et le plus
sain. Sans doute ce fut un grand malheur que l'énergique réso-
lution de Miaoulis et, à ce point de vue, on voudrait déchirer
cette page de son histoire. Mais il serait inique de flétrir le pa-
triotisme égaré ; l'incendie de l'Hella et de la Spezzia fut une
folie et non un crime.
    Enfin l'auteur de la Grèce moderne nous montre un quatrième
et dernier héros, Théodore Colocotronis , figure éclatante entre
tant d'autres qui rayonnent dans cette guerre épique. Cet enfant
né entre deux combats, ayant eu pour berceau, le lendemain de
sa naissance, le dos d'une Albanaise qui portait un mousquet sur
l'épaule et des cartouches dans son tablier, est proclamé, à l'âge
de quinze ans, capitaine sur le champ de bataille où son père
vient de succomber, après un combat de douze jours et de douze
nuits. Cette éducation lui a donné une âme d'airain, un tem-
 pérament de fer. Colocotronis sait à peine lire et signe grossière-
 ment son nom, mais il a l'intelligence et la finesse d'Ulysse.
 M. Yemeniz, dans un récit rapide et entraînant, raconte cette
 existence pleine d'adversités et de dangers inouis. L'espace nous
 manque pour le suivre dans les nombreuses campagnes de son
 héros, de 1821 à 1826.
    Colocotronis, dit l'historien Tricoupi, avait le visage terrible
 et le cœur doux. Cette douceur se révèle surtout dans les der-
 nières années du klephte ; accablé de disgrâces sous le gouver-
 nement du jeune roi, il lés subit avec un calme et une abnéga-
 tion admirables. Accusé par ses ennemis du crime de haute tra-
 hison, il est jugé et condamné à mort, avec son ami Kolliopoulos.
 Il peut échapper à l'exécution de la sentence, en appelant d'un
 geste ses anciens pallikares et le peuple qui l'adore ; ce geste, il
 ne le fera pas, ne voulant pas livrer son pays à une guerre civile.
 Othon lui fait grâce de la vie et, le jour de son couronnement,
 lui rend la liberté. Alors, l'âme apaisée, le vieux soldai se repose
 pour la première fois, se réconcilie chrétiennement avec ses en-