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DE LYON. 287 Une des plus nobles familles de Lugdunum, et même de la Gaule romaine, celle des Syagrius, n'a pas dédaigné la palme littéraire. Parmi ses illustrations, je rencontre, au IVe siècle, Afranius Syagrius. Ce personnage, décoré des plus hautes dignités de l'empire, cultiva et protégea les let- tres ; il fut le Mécène d'Ausone. Le poète de Burdigala, alors précepteur de Gratien, lui dédia la deuxième des trois pièces de vers qui portent dans le recueil de ses œuvres le nom de prœfatiunculœ. Après d'assez longs détails sur sa naissance, ses études, ses dignités, la faveur dont il jouit auprès de Gratien son élève, Ausone y demande a Syagrius de se faire le protecteur de sa muse. « Je suis cet Ausone, « poursuit-il ; maintenant, peux-tu refuser à ma prière de « prendre sous ta protection le recueil de mes poésies ? De « même, ô bienheureux Syagrius, que ta personne semble un « un autre moi-même , tant elle occupe de place dans mon « âme , ainsi mon livre paraîtra ton œuvre, autant que la « mienne, si ton nom en occupe le frontispice (t). » Syagrius fut lié avec la plupart des littérateurs éminents de son siècle ; Symmaque et lui entretenaient un commerce épistolaire qui témoigne d'une longue et tendre amitié. Cette affection éclate particulièrement dans une lettre où Symmaque s'excuse sur la mort de son frère de ne pouvoir point as- sister a la réception solennelle des insignes du consulat ré- cemment obtenu par Syagrius : « Que faire, s'écrie-t-il, « dans cette perplexité déplorable, lorsque je suis retenu (1) Hic ego Ausonius; sed tu ne temne quod ultro Patronum nostris te para carminibus Pectoris ut nostri sedem colis aime Syagri, Communemque habitas alter ego Ausonium, Sic etiam nostro prœfatus habebere libro Différât ut nihilo, sil tuus, anne meus ? (Aus., prœfatiuncul, c. II, r . 39 à 44).