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                ELOGE DE M. DR CHANTELAUZE.                  379

   Il n'avait pas été confirmé, et l'âge une fois passé, le tour-
billon des affaires l'avait distrait de cette pensée. Elle lui
vint sur le déclin de l'âge, au milieu des méditations et des
détachements de la retraite. Cet appui suprême que le parfait
chrétien implore au début de sa jeunesse pour bien parcou-
rir la vie, il le chercha pour la bien finir. Il ne voulut pas
qu'un sacrement de l'église manquât a sa tombe. Notre pieux
archevêque s'empressa de lui offrir sa chapelle, pour ac-
complir la cérémonie dans l'intimité du sanctuaire, mais,
M. de Chantelauze n'accepta pas de distinction devant l'es-
prit de justice et de vérité. Il ne voulut pas sortir de cette
sublime égalité chrétienne, la seule qui fortifie toujours et
n'abaisse jamais. Au jour fixé pour la confirmation des en-
fants de la paroisse, dans cette même ville où le chancelier
Gerson, la lumière de son siècle, enseignait le catéchisme
aux petits enfants, on vit l'ancien Garde des Sceaux de France
s'avancer au milieu d'eux, et se mêler processionnellement
aux jeunes générations pour aller demander la force a Celui
qui donne également la résignation et l'espérance.
   Cette piété naïve qui ne se cache et ne s'affiche jamais, qui
dédaigne également les petitesses du respect humain, et les
hypocrisies de l'étalage, semble le plus noble apanage des
grandes âmes. 11 n'appartient qu'à la religion de cimenter
cette alliance de la simplicité (a plus, humble et de la plus
haute intelligence. Il n'est pas d'enseignement plus touchant
pour la terre et, si j'ose parler ainsi, d'offrande plus digne
du ciel.
   Cette force de l'âme lui devenait plus que jamais néces-
saire ; celle du corps baissait chaque jour ; chaque jour vo-
yait croître les inquiétudes et fuir les espérances. Il voulut
passer les dernières heures de sa vie près de sa fille si digne
de lui, et quitta Lyon. Nul de nous n'a pu serrer sa main
défaillante, si ce n'est son généreux ami et patron de 1830,